Un peu de flore

Ah, la flore amazonienne ! Celle qui a valu à cette région du monde le peu glorieux surnom "d'enfer vert" !


  
Bon, finalement, ce n'est pas tant l'enfer que ça. Quand on s'y promène de jour, on peut croiser des morphos, ces grands papillons qui semblent nous jeter des éclairs bleus quand ils battent des ailes. Quand on s'y promène de nuit, on y croise plein de chauve-souris, qui vous surprennent en venant soudainement battre des ailes devant vous (surtout quand vous êtes en train de courir). Ajoutez les cris des oiseaux et des insectes et des grenouilles, le bruit sourd des branches qui tombent, et le bruissement des feuilles des animaux qui passent (en général, des lézards ou des oiseaux) et vous serez dans l'ambiance. Quand vous allez y courir de nuit, muni de votre lampe frontale, vous avez l'impression d'être dans un film d'action.

 
   
Dans la forêt, il n'y a vraiment que du vert et de l'ombre. La canopée, où se situe la cime des arbres, est une sorte de grand tapis de feuilles à 30 ou 40 m d'altitude. Elle filtre 95% de la lumière du soleil.
   
Un arbre qui domine la canopée. 
Ses "testicules géantes" sont en fait des nids de cacique.
  
Il y a plusieurs types de forêt : la mangrove, sur le littoral, où les palétuviers prennent racine dans l'eau salée; les marais; la forêt primaire, qui n'a pas subi l'influence de l'homme; et la forêt secondaire. Dans la forêt primaire, peu de lumière accède au sol, il y a donc moins de fougères pour nous empêcher d'avancer hors sentier. La forêt secondaire, c'est l'inverse : il peut y avoir des trous dans la canopée, la végétation au sol est donc dense et presque impénétrable. Dans tous les cas, on peut se perdre rapidement si l'on quitte le sentier ("layon") : on a une visibilité à 20 ou 30 m, et l'on peut être incapable de retrouver un layon distant de 5 ou 10 m !
   
Bref, à hauteur d'homme, dur de reconnaître les arbres qui forment la canopée, car on ne voit que les troncs : les premières branches sont très hautes, les feuilles se mélangent aux autres arbres, cachées pas les lianes et les arbres de taille intermédiaire.
 
 
       En route pour la canopée !
 
Un Marie-Congo, que j'aime beaucoup, on dirait qu'il est peuplé de trous.
      
 
Un bois-pagaie, avec sa forme de frous-frous.
        
 
 Un bois cathédrale : il semble composé de plusieurs troncs 
qui se séparent et se rejoignent anarchiquement.

Deux arbres s'accouplent pour former un "H".
   
Le ficus étrangleur : sa graine germe sur un autre arbre, sur lequel il va pousser ; 
il va peu à peu l'enlacer, l'étouffer jusqu'à ce qu'il meure.
     

Un jeune fromager : son tronc est lisse et recouvert de grosses épine ...

 
... plus tard, la base de son tronc ressemblera à peu près à ça, large avec de grands contreforts
(enfin, là, il s'agit d'un cas très rare de fromagers siamois).

 
L'arbre à boulets de canon, 
avec son chapelet de boulets qui s'étale le long de son tronc.


  Un arbre avec une belle écorce tortueuse.

 
   Un ébène vert,
lorsqu'ils sont en fleurs, ils forment des points jaune dans la canopée
  les fleurs tombent au bout de 2-3 jours, et tapissent le sol de jaune.
 
A hauteur d'homme, donc, on ne peut pas tout voir. A part les troncs, il y a les fougères. A noter que les nouvelles feuilles, quelque soit l'espèce végétale, poussent rouges.
  
  
Des fougères qui semblent tout droit issues de la préhistoire.

 
 

La fleur sensitive...
  

... dont les feuilles se rétractent au toucher,
et les branches s'abaissent si on appuie dessus.
 
Au même niveau que les fougères, il y a les racines. Du moins, celles qui ne sont pas trop aériennes. Les arbres développent des racines au-dessus du sol pour se stabiliser (terrain en pente, sol marécageux), chercher des nutriments, ou pour faire joli. A moins que ce ne soit pour permettre aux serpents, insectes et araignées de mieux se cacher.

 
Les racines-échasses, quasi-symétriques, d'un palmier dont j'ignore le nom.
 
 
 D'autres racines-échasses, similaires à celles du bois-canon.
  
 
Les racines-traçantes du chawari, qui s'étendent à plus de 10 m du tronc.
   

   
Les racines-échasses du palétuvier, qui lui permettent de se stabiliser et trouver sa nourriture dans la vase de la mangrove.

 Les contreforts sont l'apanage des grands arbres, qui composent la canopée.
  
Des contreforts en dentelle.
  

 Un palmier avec des racines ridicules
   
Il ne faut pas confondre certaines racines aériennes avec des lianes : elles ne sont pas solides, et il ne faut donc pas s'y accrocher. Les lianes, elles, partent du sol (oui, je sais, un film avec un homme à moitié nu se balançant de branche en branche en brayant bêtement laisse imaginer l'inverse). Elles montent tout droit, ou avec des circonvolutions, selon les espèces, vers la lumière, et s'accrochent aux branches des arbres, ou directement au tronc.
   
   
Des lianes à contre-jour                        Un tronc entouré de lianes
 
                  
 Des lianes qui montent en s'enroulant.          Un tronc qui a perdu sa liane.
  
Un philodendron : une liane avec de grandes feuilles, parée, parfois, d'une fleur.

 Une liane tortue :
 d'après la légende, des tortues, fuyant un prédateur auraient appelé à l'aide, car elles ne parvenaient pas à le distancer. Le dieu de la forêt airait eu pitié d'elles, et leur aurait envoyé une liane pour qu'elles puissent rejoindre les cieux. Les tortues ont échappé à leur agresseur, et la liane a conservé la forme de leur carapace.
 
Le bois, en Guyane, a quelques particularités. D'abord, si l'on veut se faire un radeau, il faut bien faire attention à celui que l'on choisit, puisque 85% du bois coule. Par ailleurs, comme il n'y a pas d'hiver, les arbres n'ont pas de cernes. Impossible donc de calculer leur âge, même quand le tronc est coupé.

Un tronc coupé
   
 
Un tronc de bois-catédrale coupé
  
 
     Un tronc de bois-canon :
il est creux, et abrite généralement des fourmis aztécas, qui le protègent,
car il les nourrit. Ce ne sont donc pas des parasites, mais une relation symbiotique.
 
Alors, quand un arbre a été un peu trop colonisé par des lianes, qu'est-ce qu'il fait ? Eh bien, il finit par perdre l'équilibre, et il tombe. Raison à laquelle on trouve régulièrement sur les layons ce qu'on appelle des chablis : ce sont des arbres qui se sont écroulés, entraînant avec eux leurs lianes, et les petits arbres à côté. C'est un phénomène naturel qui permet de nourrir le sol de la forêt. Le trou formé alors dans la canopée va permettre au soleil d'entrer, ce qui va aider les petits arbres à pousser, et le passant à voir au-delà de 10 m dans la végétation (et c'est appréciable).
  
Le souci, pour le passant, si l'arbre est trop gros, c'est que soit il a une tronçonneuse et la journée devant lui, soit il doit faire demi-tour.

 
Un chablis
  
Bon, et les fleurs, dans tout ça ? L'enfer vert n'aurait que des feuilles, et pas de fleurs ? Non, heureusement. Toutefois, celles-ci sont généralement rares : les arbres ne fleurissent pas tous les ans, certains ayant des cycles sur plusieurs années, voire dizaines d'années, et d'autres (les ébènes verts, par exemple) ont des fleurs qui ne vivent que 2 ou 3 jours.

 
Les fleurs de balisier, ou héliconias, sont, de loin, les fleurs les plus courantes de la forêt. Il en existe plusieurs variétés. Elles recueillent l'eau de pluie,
et permettent aux colibris de prendre un bon bain, quand ils ont fini de sniffer du nectar.
    
      
 D'autres fleurs sauvages rouges
     

 Une orchidée. Il paraît qu'il y en a plein d'espèces, mais elles ne sont pas toujours faciles à voir. Il faut dire que ce sont des épiphytes, et qu'elles peuvent vivre dans la canopée.
      

Des fleurs de wapa, en clair de lune, qui donnent aux bords de crique un aspect de conte de fée.  
  
    
 Une liane rampante avec des fleurs rouges.  
  
    De belles grappes de boules blanches qui pendent des arbres.

Bref, on trouve beaucoup plus de fleurs dans les jardins de Cayenne que dans la forêt !
  




Un balisier domestiqué, près à vivre dans un jardin.
   
 
Le pitaya : ses fleurs éclosent la nuit, entre 23h et 5h du matin. Elles donnent des fruits très jolis, les coeurs de dragon (voir sur "le marché" à quoi ça ressemble). Une fleur voisine s'appelle "berceau de Moïse".
 
Qui dit fleur, dit fruit. Ceux-ci, du fait du climat, poussent très facilement en Guyane. Voici quelques arbres fruitiers, que l'on retrouve dans les abatis :

          
            Un papayer                                       Un bananier, avec sa fleur qui n'a pas été coupée.
  
 Une noix de cajou pas mûre
 
 
  Un cacaoyer, avec des cabosses encore vertes.
  
    Un manguier. Cet arbre peut atteindre 25 m de haut, et dépasser les 10 m de diamètre.
 

 Un ananas nain. Ce n'est pas comestible.
 

 Un drôle de fruit, tout dur.
Les arbres bois-canon sont très présent dans les forêts guyanaises. Les paresseux aiment s'y accrocher. Ils ont un bois très léger, ce qui en fait le matériau idéal pour les radeaux. Son tronc est creux et occupé par des fourmis aztéca, qui se chargent de le protéger.
  
Un jeune arbre bois-canon,
mal protégé, car les feuilles ont été mangées en dentelle 

 Un bois-canon, de nuit.
     
En forêt et sur les plages, on trouve aussi toute sorte de palmiers. Il paraît que tous leurs fruits, ou noix, sont comestibles. Outre leurs fruits, ils se distinguent par leurs feuilles.
   
Les palmiers ne sont pas des arbres. Ce sont des herbes géantes. En effet, les arbres grandissent, tout au long de leur vie, en hauteur et en épaisseur. Alors que les palmiers ne poussent qu'en hauteur, ils ont leur diamètre original à la naissance.
 
 
     Un palmier bleu qui vient d'éclore.
 
    Le palmier  du voyageur.

 
 Certains sont couverts d'épines.

 
    Les feuilles et les fruits varient selon les espèces.
 
    Un waseï : on peut les couper pour en manger le cœur.
    
 Un counana, ou un mourou-mourou (les deux se ressemblent) :
Ses grandes feuilles collectent les déchets de la forêt, qui se décomposent en son cœur, et dont il tire les nutriments dont il a besoin.

 Un palmier-nain ornemental
  
Une grappe de noix de maripa.
  

        Un cocotier nain, petit, mais plein de noix !
  
Près du littoral, on trouve de la mangrove :

 Un jeune palétuvier
   
 
Avec des palétuviers qui ont parfois des racines aériennes spectaculaires.
 
Sinon, en Guyane, on trouve aussi :
    
 
Un flamboyant fleuri 
  
Des bambous.
  
Des moucous-moucous, qui poussent au bord des marais, des savanes inondées, et des fleuves. Ces plantes peuvent atteindre 4 à 5 m de haut.

Serait-ce un nid de fourmi ?
Certaines espèces de ces bestioles sont d'excellentes agricultrices : elles cultivent des épiphytes et entretiennent des réserves d'eau sur des grands arbres, afin de récupérer leurs déchets qui leur servent de nourriture.

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